L'Alizé et la Mystic CX battent le record du monde de distance sans escale

L’Alizé fait encore parler de lui !

Habitué aux premières places sur les podiums, et comme si cela ne suffisait pas, il ne lui manquait plus qu’inscrire à son palmarès … un record du monde !

Le titre était détenu par Patricia Taillebresse qui parcourut en 1987 la distance de 811 km sur son ulm Air Création SX12 monoplace.

Ce record n’avait jamais été égalé, du moins jusqu’au 11 juillet 2020.

Deux pilotes chevronnés (Jean-Claude Quenault & Blaise Bouchet) décident de s’y attaquer et non pas en pendulaire « lourd », mais en Pulma (pendulaire léger, masse maximale à vide 120kg) réalisant ainsi un double exploit !

Le 11 juillet 2020, ils décollent de Dunkerque sous le regard attentif de Monsieur le Maire, habilité à valider le décollage, après les pesées réglementaires des aéronefs.

L’aventure se fera à bord de deux ulm de la société Ellipse (concepteur et fabricant de matériel aéronautique depuis 34 ans) : deux trikes Alizé avionnés chacun avec le moteur 4 temps Swissauto de 35cv, sous aile sans mât MYSTIC CX du même fabricant. Cette déclinaison « chariot moteur aile » étant le fer de lance de la marque en compétition.

Les logiciels de CAO de la société TOPSOLID (l’un des sponsors de ce défi) ont permis de concevoir spécifiquement les carénages et consoles porte instruments pour ces machines. Deux réservoirs latéraux profilés complètent le volume de carburant nécessaire au voyage. L’ensemble est cohérent sur le plan de l’aérodynamisme, et ajoute même une certaine touche esthétique.

L’impressionnant trajet a été méticuleusement préparé avec l’outil Mach7 (voir photo ci-dessous) dans le respect des zones aéronautiques. Un export du fichier des points de la route a été chargé directement dans le GPS. Celui-ci est doté d’une puce téléphonique qui permettra de suivre le parcours en temps réel sur le site Flymaster. A noter que des traceurs GPS supplémentaires de la FFPLUM ont été embarqués pour valider officiellement le record.

Le départ a eu lieu au club ulm « les Moeres » à Dunkerques, à 5h45, pour 11h58 de vol à hauteur moyenne de 400m, et à une vitesse moyenne de 80km/h.

La hantise est bien entendu … la panne sèche synonyme d’échec. Face aux 908km à parcourir, ce n’est pas le moment de gaspiller le moindre litre des 55 embarqués.

L’injection électronique du moteur Swissauto se révèlera efficace, propulsant l’ensemble (ptv 240kg) à 80km/h pour 3.5l/h de consommation ! Qui dit mieux ?

Blaise Bouchet : « La finesse de l’aile Mystic CX et ses autres qualités de vol exceptionnelles ont fortement contribué à cet exploit.« 

Jean-Claude Quenault : « De plus, mon Alizé était équipé de l’hélice tripale conçue et fabriquée par E-PROPS pour le Swissauto. Les pesées de mon appareil ont permis de constater que outre le confort de fonctionnement, ma consommation a été inférieure aux 3.5l/h de Blaise« . (les poids des pilotes habillés sont sensiblement équivalents)

L’arrivée a eu lieu à la base ulm d’Oloron-Sainte-Marie un peu avant 18h00.

L’un des deux appareils disposaient encore de 15l de carburant inutilisés, de quoi voler encore 4h.

Le record du monde vient d’être battu ! Sa validation officielle auprès de la FAI est en cours.

Bravo à nos deux champions ! Nous sommes tous fiers de vous.

Réalisent-ils complètement l’exploit qu’ils viennent d’accomplir ou ont-ils simplement encore … la tête dans les nuages ?

Addendum du 03/09/2020, au sujet de la préparation et retour d’expérience par Jean-Claude (soit un petit 2 mois plus tard)

La préparation a duré plusieurs mois afin de préparer le plan de vol de  … 120 pages. En effet, selon les conditions météo, il fallait prévoir plus qu’un itinéraire. Les aérodromes des zones aériennes traversées ont été contactés au-préalable, dès le parcours déterminé. Une voiture suiveuse assurait la sécurité en cas de pépin.

Les conditions de vol ont été normales au décollage et sont devenues physiques à partir de Rouen jusqu’à Oloron même. Les varios ont enregistré jusqu’à du +6G en ascendance et du -4G en descente. 

Jean-Claude : c’est simple, la barre de mon trapèze allait se cogner sur la barre de compression ou allait se bloquer au niveau de mon ventre. il fallait constamment la retenir dans les roulis, dans lesquels l’amplitude était importante aussi. Pourtant je suis sportif, mais ces 11h de vol m’ont fait perdre 4kg ! (2.5kg pour Blaise) . Ma main gauche a verrouillé la speed-barre au décollage et ne l’a relâchée qu’à Oloron. Il m’a fallu une semaine pour en récupérer l’usage normal. Fréquemment, dans les dégueulantes, « Ah bah tiens … je ne touche plus le siège … puis Ah ça y est… je le touche à nouveau … ». Je pense que nous avons volé là où généralement les pendulaires lourds se posent. Le matériel est  solide, les limites ne sont qu’humaines.

Merci Jean-Claude